Arménie 2018

Mercredi 25 juillet

A dix ans d'intervalles, les douanières russes confirment être les plus punkophobes au monde. Une longue attente au guichet à me dévisager sans rien dire, comme lorsqu'on avait pris le Transsibérien. Le lendemain, la douanière arménienne sera bien plus sympa avec moult sourires malgré ma gueule de déterré suite à une nuit blanche à l'aéroport de Moscou (réveillé toutes les 5 minutes par des annonces gueulées au micro, le harcèlement anti-punks).

L'avantage quand t'as pas mal bourlingué, c'est que tu prends des automatismes. Par exemple, malgré ce que te disent toujours les taxis des aéroports, tu trouves toujours un bus/navette bien moins cher pour aller en ville, ici moins de 1 euro ... Lors du trajet, je comprends qu'un truc va être compliqué, leur alphabet ! J'ai l'impression de lire Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn partout ... Ok, les Arméniens ont inventé un alphabet trop classe au 5e siècle, produits une putain de littératures depuis, mais va le déchiffrer pour les noms des rues ... Une minorité est doublée en alphabet latin, mais c'est jamais le cas sur les marchrouts (minibus), moyen de transport ultra majoritaire en ville, donc tu as le choix entre aller à pied avec ton plan et des rues pas souvent traduites et ton super sens de l'orientation (cf. les épisodes précédents du gnome ranger), soit un taxi (pas cher mais mon karma roots me l'interdit). J'arrive quand même à mon auberge de jeunesse que personne ne semble connaître dans le quartier, et décide de poser mon sac et partir rapidement en vadrouille plutôt que m'effondrer (et en plus y a une piscine,tout ça pour 6 euros/jour avec petit dej').

Direction la Place de la République, le centre administrato-culturel, avec plein de bâtiments soviétiques (donc très beaux) et de fontaines. Vu la chaleur écrasante, je me fais le Musée d'Histoire, vraiment intéressant avec de belles pièces, puis vadrouille un peu au hasard avec le plan, du coup je me fais la mosquée bleue, datant du 18e, et rénovée depuis par l'Iran. Je vais me choper charcutaille et fromage pour le repas du soir (vu la qualité et le prix, l'Arménie n'est pas une destination «régime») et vais longer les gorges du fleuve Hrazdan (asséché) croisant des églises, avant de retrouver la Place de la République, prendre l'Avenue du Nord (leur rue St Fé), pour rejoindre l'Opéra et ensuite Cascades.

 A la base, cet immense monument/escalier de pierre qui monte jusqu'aux hauteurs devait être effectivement une gigantesque cascade mais le projet a été abandonné jusqu'à ce qu'un milliardaire armeno-US s'en empare et transforme ça en musée d'art contemporain. Y a pleins d'oeuvres déjà sur la place en bas de Cascades, pleins à l'intérieur (on peut monter à chaque pallier via un escalator à l'intérieur ce qui est pas mal vu la chaleur) et d'autres à chaque pallier extérieur (avec fontaine unique à chaque fois). Ca va de trucs bloquants à d'autres drôles et d'autres bof. Mais l'ensemble est très chouette, et en plus en haut y a une vue de sa race.

 En rentrant je croise Mère Arménie, un statue qui veille sur la ville (et qui a remplacé celle de Staline, pfff!), me fais un plouf dans la piscine avant de m'effondrer, accablé par le manque de sommeil et la chaleur.

Jeudi 26 juillet

Après 9 heures de sommeil réparatrices et la charcutaille du petit déjeuner, je décide de tracer pour Etchmiadzine, la capitale religieuse du pays, à une 40aine de kilomètres d'Erevan. Je traverse une bonne partie de la ville à pied pour le lieu où tu es censé prendre le minibus, comme indiqué sur mes deux guides. Nibe, que dalle, seulement des sollicitations de taxis, trop cher pour mon budget. Dépité, je décide de retraverser la ville pour aller à pied à la forteresse d'Erébouni, ancêtre d'Erevan, datant du 8e siècle avant JC Gaudin. Y a de la marche mais c'est jouable. Bon, évidement avec les cartes peu détaillées des guides dès que tu sors des centres historiques, et surtout l'absence de traduction des rue, ça me prendra un certains temps .... L'avantage, c'est que comme ça tu découvres des cabanons et jardins à côté des cités HLM. Je me rends compte qu'il y a pas mal de Lada, héritage soviétique oblige (alors qu'on était les seuls en avoir une au bled quand j'étais gosse) et à ce propos en photographiant un graf' de Lenine, on se saluera d'un poing levé avec un groupe de jeunes.

Arrivé bien crevé par la chaleur de sa race (heureusement j'ai ma casquette CGT), je me ressource lors de la visite du musée des ruines. Peuple qui avait un royaume centré sur Van (lac en Turquie actuelle), ils maîtrisaient à la perfection les techniques d'irrigation (des canaux ont été utilisé jusqu'au Moyen-Âge, des aqueducs sont encore utilisés de nos jours ...), les ouvrages défensifs et la fabrication de bière (faut pas déconner). La visite des ruines, dont il ne reste pas grand chose, se fera sous un soleil de plomb, faut dire qu'ils avaient choisi un site en haut d'un promontoire, en plein cagnard donc, mais à la vue qui tue.

 Le retour sera moins approximatif, d'autant que la chaleur ne faiblit pas. Heureusement qu'il y a des petites fontaines d'au fraiche un peu partout dans la ville. Je passe par l'immense église de St Grégoire l'Illuminateur, construite en 2001 pour les 1700 ans de la conversion de l'Arménie au christianisme (premier pays au monde) par l'autre Illuminé, euh, Illuminateur, avant un dernier détour par la Place de la République avant de faire un plouf salvateur à la piscine de l'AJ.

Vendredi 27 Juillet

Me suis rencardé pour aller à Etchmiadzine, du coup je trouve la gare routière au delà du Pont de la Victoire et peux prendre un bus cacochyme. Le billet est à 200 drachmes (moins de 50 centimes ...) contre les 14.000 que le taxi me demandais hier .... Pero, no soy a gringo ! Le bus tousse pas mal mais on finit par y arriver. Entre temps, me suis cultivationné sur les spécificité du christianisme arménien. Alors contrairement au christianisme orthodoxe qui est un schisme, là c'est considéré comme une hérésie par les cathos (on rigole, pas donc même s'ils se sont rabibuchets (huhuhu) depuis. L'embrouille remonte au Concile de Chalcédoine en 451 sur la nature du Jean-Claude. Pour les cathos, il est de double nature divine et humaine, c'est pour ça qu'il a souffert sa race sur la croix mais a sauvé vos âmes de pauvres pécheurs, alors que pour l'église arménienne, il est de nature divine et il a eut droit de souffrir alors que c'est pas ça nature. Bref, c'est très grave et ça montre que les trotskystes n'ont rien inventé en matière de scission. En dehors de ça, les Arméniens étant un peuple souvent divisé entre plusieurs territoires (Perse, Empire Ottoman, Russie, et pire encore avec la diaspora qui a suivi le génocide), leur religion est un lien puissant pour eux, un peu comme pour les Irlandais.

M'enfing vu que pour moi, la vraie nature de JC c'est un putain de hippie, je rentre plutôt peinard niveau théologique dans l'enceinte de la capitale religieuse de l'église arménienne, où siège d'ailleurs le catholicos (leur boss qui n'est pas catholique, suivez, bordel!). A l'entrée une église en forme de tour avec une croix ceinte d'un serpent bicéphale asse bloquant (et qui prouve que c'est bien une hérésie créée par les reptiliens qui dominent le monde). Le soleil tape toujours sévère, mais cela ne m'empêchera pas d'admirer plusieurs khatchkars (croix sculptées) avant de visiter la cathédrale,hélas en plein travaux de rénovation. Le lieux est apaisant et peu fréquentée au final (paraît que c'est l'affluence le dimanche pour la messe).

J'attends le bus pour rentrer à Erevan, refusant poliment les offres de plusieurs taxis, et un d'entre eux me rentrera perfidement dedans en reculant me faisant comprendre que les touristes ça devraient prendre les taxis ... Pour la peine, je tchatcherais avec une demoiselle dans le bus retour, non pas que je suis devenu bilingue (je maîtrise tout de même «Barev» (bonjour) et «Abriss» (merci)) mais elle venait de finir ses études en langues et avait remarqué mon guide en français.

De retour à la gare routière en plein cagnard, j'enchaîne avec le mémorial du génocide, situé sur la même rive mais après une ascension pénible sous le soleil. Le lieu domine Erevan, et sa simplicité incite au recueillement. Juste à côté, il y a le musée du génocide, qui retrace les faits avec des documents et des photos très dure, mais qui analyse aussi comment on en est arrivé là. Que ce soit avec la politique de turquification des Ottomans sur le déclin, puis des Jeunes Turcs et ensuite des kémalistes, mais aussi à cause de la lâcheté des nations européennes, voir la complicité active de l'Allemagne (on retrouvera certains des officiers allemands présents auprès d'Hitler plus tard). J'y resterais donc un bon moment, en ressortant pas très à l'aise, comme après la visite du musée de la mémoire à Santiago du Chili l'année dernière.

Dernière étape de la journée, trouver la gare et me rencarder sur le train pour Gumri, où je compte aller le lendemain. Après une attente de 20 minutes (le train va jusqu'en Géorgie, d'où lenteur administrative), on m'oriente vers un autre guichet où de façon fort peu sympathique on m' dit d'aller au guichet 5 qui s'avère être fermé ... On verra demain matin, si je me lève à temps (le train part à 8h ..). Retour en partie en métro que je prends pour la première fois, courses de charcutaille pour le soir (et je découvre que les arméniens sont fans de chewing-gum à la pastèque) et plouf à l'AJ.

Samedi 28 Juillet

Petite nuit à cause de la chaleur, du coup pas levé à temps pour prendre le train soviétique qui part à l'aube et j'aurais droit au nouveau train électrique pour Gyumri, plus rapide mais moins back in the URSS ... C'est la ligne qui monte en Géorgie, une des rares, le réseau ferroviaire n'est pas trop développé malheureusement (billet à moins de 5 euros pour plus de 120 bornes en 2 heures, c'est moins de 2 euros avec le bolchevique qui mets entre 3 et 5 heures). Chaleur toujours étouffante et je galérerais à trouver l'hôtel vu qu'encore moins de rues sont traduites, mais surtout que degun ne les connaît et qu'ils n'ont pas d'enseigne ... Au bout d'un moment, j'arrive à choper quelqu'un à qui ça dit vaguement quelque chose et qui me conduit dans un dédale de boutiques, avec une grosse odeur de poubelle. Bon, à 10 balles les deux nuits j'aspire pas au luxe mais serait agréablement surpris, tout est refait à neuf, et je serais finalement seul dans ma chambre de deux.

Après une douche réparatrice, direction l'horizon, à savoir le Fort Noir à la sortie de la ville. Sur le chemin je croiserais une église russe tout aussi noire, une grande statue de Mère Arménie et ce fameux fort circulaire en haut d'un promontoire et qui veille sur les différentes frontières (il avait été construit par les russes lorsque Guymri avait été annexé par la Russie tsariste).

 Sur le retour je traverse un parc gigantesque assez étranges où la moitié des attractions sont laissées à l'abandon et les autres attirent foule de minots.

 Je reviens par la vieille ville. Guymri a été gravement touchée par le tremblement de terre de 1988 avec des dizaines de milliers de morts et des dégâts considérables. Trente ans plus tard, il y a toujours de nombreuses maisons en ruine, souvent au milieu d'autres, dont pas mal de maisons bourgeoises de la vieille ville. On se croirait parfois dans une ville fantôme. En se penchant par des fenêtres de ces bâtiments, on y voit chaos de pierres mêlé à la nature qui s'efforce de reprendre sa place. Drôle de sentiment, d'autant que Guymri est une ville des plus vivante, notamment son marché où je ferais le plein de tomates, poivrons et prunes de sa race. Après avoir flâné auprès d'églises et de khatchkars, je rentre tôt, bien crevé, d'autant que demain j'entame ma première grosse rando/monastère.

Dimanche 29 juillet

Levé tôt pour éviter la marche sous le gros cagnard. Direction les églises de Marmachen. Une bonne partie se fera en bord de route, en pleine cambrousse, énormément d'immeubles non terminés en bordure, sans que je sache à cause de quel séisme (tremblement de terre, chute de l'URSS, crise économique ..). Je quitte la route pour un chemin de terre, avec des petites exploitations agricoles, on me rencarde sur la direction, en arrivant à se débrouiller sans maîtriser nos langues respectives (à priori je mime très bien le monastère). Une route de terre descends en lacets,je commence à apercevoir un dôme rouge, puis l'ensemble des trois églises (dont une en ruine). C'est dimanche, il y a quelques familles venues en bagnole pour brûler des cierges et pique-niquer. Le lieu est serein, ceinturé d'arbres, à côté une rivière. Les églises sont plus dépouillées que celles vu auparavant, elles datent du Xe et XIe siècle. Je me ferais mon déjeuner au bord de l'eau, saluant les bergers en face. Lors de mon retour, je choperais un mini-bus sur la route, histoire d'éviter les heures de marche en plein soleil bitumé.

Du coup, retour en début d'aprèm, et après un petit tour à la vieille ville, je me planterais dans le parc de l'allée centrale, pour bouquiner à l'ombre. En fin d'aprèm, un vieux viendra me brancher sur mes tatouages, et me montrera les siens. Vu son âge, l'exécution et les motifs (croix,étoiles et femmes), je pense m'être fait un pote dans la mafia !

Lundi 30 Juillet

Levé tôt pour aller à la gare routière. Un taxi m'assure en armeno-russo-anglais que si j'attends le marchrout, je raterais ma correspondance, tant pis pour moi, il me fait pourtant un prix d'ami, je le regretterais toute ma vie ... Un taxi, c'est presque pire qu'un témoin de Jehova, tu sais qu'il te lâchera pas et tu connais par avance ses répliques. Je demeure persuadé qu'ils forment une secte apocalyptique qui les réunit quelque soit leur nationalité ou le lieu où ils exercent. M'enfin,que ce soit en espagnol, en anglais ou en je sais pas quoi, je suis passé roi de l'esquive quelque soit la partie du monde, et ce sans (quasi) m'énerver. J'irais donc bouquiner mon Cédric Fabre (enfin un roman de ...) au parc et reviendrais peinard prendre mon marchrout et referais la même à midi à Vanazdor (qui ne se trouve pas dans la Terre du Milieu). Le paysage sur le trajet change, c'est très vert, un air de Jura. Trajet reposant même si je me retrouve avec mon sac à dos sur les genoux, marchrout style (je suis d'ailleurs le seul touriste dans ces bus, ce qui me vaut moult sourires et ébauches de conversations, l'arménien.ne, hors taxi, étant cool).

Arrivé en début d'aprèm à Dilijan. Là ma malédiction de dégun sait où se trouve les adresses des endroits où je squatte frappe de nouveau, et au bout de 10 échecs (alors que j'ai un pseudo plan de la guest house), je me résigne à faire appel à une engeance taxiesque qui veut «m'aider» (mouhahahah). Après avoir phoner, il me conduit, vu que c'est dans la 3e ruelle sur la colline, j'aurais jamais pu trouver seul mais ces 5 minutes me coûtent autant que les deux trajets de ce matin (bon, moins de 2 euros, mais c'est pour le principe). Maison d'hôtes cheap, j'ai le choix entre un dortoir avec déco religieuse ou celui avec une peluche de lapin géante et des tableaux de loups kitch. Avantage par contre, je suis seul. Je redescendrais de ma colline pour longer la rivière un moment, puis remonterais tranquille en me chopant tomates, concombres, prunes (fruits et légumes très slurp jusqu'à maintenant), de la charcutaille et une bière locale (la première depuis mon arrivée).

Mardi 31 Juillet

Levé à 6h30 pour une journée grosse rando / monastère(s) et tant qu'à faire éviter la gros chaleur sur la mise en jambe. Mon objectif, Haghardzine est à 16 bornes, c'est jouable. Soucis, la bonne moitié est au bord de la route, en plein cagnard. Heureusement autour c'est toujours agréable comme paysage. Je m'arrêterais plusieurs fois pour demander si je suis toujours sur la bonne voie, y a un embranchement sur la gauche à pas manquer. J'abats les 10 bornes de la partie route en deux heures, légèrement crevé. La suite, sur le papier, semblait plus facile, route sous la forêt, mais problème ça monte sévère! Un bon gros col. Ça serpente pas loin d'un cours d'eau, y a de nombreux espaces pêche/barbeuc aménagés. Les 6 bornes de la montée font souffrir mes cuisses, heureusement la plupart du temps c'est à l'ombre. Bien évidement je suis le seul fada à faire ça à pied. J'arrive enfin au monastère, ça fait 4 heures que je suis parti. C'est un ensemble de 4 églises, dont une minuscule, et un superbe réfectoire. Encore une fois, églises dépouillées et sereines. Il n'y a pas grand monde, ça me laisse le temps déambuler.

Après une pause bien méritée, je chope un itinéraire retour qui passe par la crête de la montage et deux églises. Le circuit de rando affiché est sommaire, mais je me lance. Chemin de terre entre les arbres, descente dans le cours du ruisseau pour le remonter (comme indiqué dans le plan) puis monter sévère entre les arbres, c'est très beau, y a pleins de fleurs, de papillons, et non je suis pas un putain de hippie. Les cuisses en feu, je débouche sur une crête avec pâturages, khatchkars, chevaux. Je me dis putain c'est beau mais quand même qu'il me semble être dans la direction opposée et du coup je redescends en longeant la crête en parallèle du chemin que je viens de prendre, d'autant que le tonnerre se fait entendre au loin (au final ce en sera que quelques gouttes, bienvenues, sur la tronche). Bonne pioche, je retourne au monastère au bout de deux heures plutôt que de m'enfoncer vers le nord. Se tromper de crête, pour un vieux punk, ça craint ! Contrairement aux islandais, pas de piège avec un balisage traître, nan là un plan de rando minimaliste qui te fais croire qu'il y a un seul chemin, qui en réalité se divise en moult chemins et sans aucune indication, et surtout le plan est placé devant un chemin qui n'est absolument pas celui à prendre. Du coup, rentré après 9h de marche, une douche, un bouquinage fatigué et au lit.  

Mercredi 1er août

J'abandonne la peluche de lapinou géant, me suis levé à 6h30 pour ma séance de taxi fighting quasi quotidienne. J'esquive habilement les malédictions sur 15 générations à manquer mes correspondances dans les gares routières arméniennes, continue mon Cédric Fabre au bord de l'étang et enchaînerais presque sans attente Dilijan-Vanazdor-Alaverdi. Je me retrouve au nord de l'Arménie, pas loin de la frontière avec la Géorgie. Gros coup-de-coeur sur cette ville industrielle, située dans un canyon, le long d'une rivière. Le trajet est bien bloquant. Forcément quand j'arrive dégun connaît la guest house, ni même la rue. Après avoir kung-fuer les taxis, je tombe, comme d'hab', sur des gens sympas qui de proche en proche me font trouver l'adresse.A savoir deux étages d'un HLM réaménagé. Du coup, terrasse avec vue, et en plus seul dans le dortoir. Une fois installé, c'est le milieu de l'aprem, mais ça laisse le temps d'aller voir un monastère proche, en chopant le bon marchrout. A l'arrêt, un taxi s'arrête, me propose de m'amener à Vanazdor, c'est sur sa route, pas cher, quand je lui dit que je vais à Sanahine, il me fait la même. Bon, ok, 500 drhams. Il m'embarque, commence à me parler d'Aznavour, à un moment je vérifie sur ma carte, il me semble qu'on a dépassé l'embranchement, je lui dit, il me réponds qu'il a mal compris, a confondu avec une autre ville et me laisse ne plan au bord de la route (la putain de sa race) ! 45mn de marche sous un soleil de plomb pour revenir à l'arrêt de bus ... Je vais me renseigner combien tu prends de taule pour le massacre d'un chauffeur de taxi ...

M'enfing, le marchrout arrive rapidement, belle ascension vers un village perché en face d'Alaverdi, puis petite marche jusqu'au monastère de Sanahine. C'est un ensemble d'églises de diverses tailles, le lieu est vraiment serein, y a pas grand monde. Je bloquerais un moment dans l'église principale (10e siècle), puis prendrais mon temps à explorer le site (autres églises, campanile (clocher), cimetière ...). Il n'y a pas grand monde, c'est reposant. Au retour, passage par le marché pour tomates/poivrons/concombre/charcutaille et un coucher pas trop tard vu que le réveil est à 6h30.

Jeudi 2 août

Après un petit dej' à base de fromages et confitures, départ pour Haghpat, autre monastère, sur une montagne en face celui de Sanahine, mais cette fois j'y vais à pied, d'où l'horaire matinal. Je commence par longer la rivière bordée d'usines (industrie du cuivre et carrières), puis ça commence à monter, heureusement qu'il est tôt et que c'est couvert. J'y arrive au bout de 2h30, et vu que les touristes arrivent par bus d'Erevan, y a dégun, le site est à moi. J'aurais donc bien le temps, je resterais même un moment assis dans l'église, au frais et tranquille.

 Un beau réfectoire en plus des églises, parvis et bibliothèque, un site bien choisi. Je bloquerais sur le campanile, le clocher, qui m'attire mystérieusement, j'en ferais le tour un nombre incalculable de fois, le matant sous tous les angles. Je me pause ensuite dans le jardin, et ne décollerais seulement quand les bus de touristes arriveront. En forme, tant qu'à faire, je redescends à pied. Arrivé en début d'aprèm, je terminerais le « Dernier rock avant la guerre », le très bon polar yougo-marseillais de Cédric Fabre, plombant comme le chaleur, mais qui s'adoucit en fin de journée (le roman comme la température). Je trouve un slovène et un italien dans le dortoir, eux se font un trip Géorgie-Arménie. On échange nos expériences sur la terrasse, à la fraîche.

Vendredi 3 Août

La journée commence par l'habituel taxi fighting, entre eux et moi c'est désormais comme un vieux couple, je sais ce qu'ils vont me dire, je devines quand ils mentent ... Cette fois, il m'explique que les marchrouts en provenance de Vanazdor (où je vais) ne redescendent pas, ils vont en Géorgie. Nonchalamment, je prendrais le bus qui passe 20 minutes plus tard, comme prévu. Je redescends avec plaisir ce paysage de canyon. Comme souvent dans le pays, il y a de nombreux monuments abandonnés sur le bord, que ce soient des habitations ou des usines. Le bus n'est pas de prime jeunesse, ça rame pas mal, et du coup on arrive à 9h15, soit pil-poil 15mn après que le bus pour Sevan, ma destination, soit parti, et il n'y en a qu'un par jour. So, soit je passe 24h ici, soit je vends mon âme au diable, dont un émissaire est en train de m'accoster pour me dire que Sevan, il me le fait à pas cher ... Je suis faible, j'embarque. On traverse des paysages de collines, verdoyants. On arrive à Sevan au bout d'une heure, et je débarque à l'hôtel qui, ô joie, est toujours en construction, ce qui fait que, entre autres, il n'y a pas de douches ... Mais Sevan est une destination chère, et c'est le lot d'avoir chopé l'hébergement le plus cheap.

Sevan est le plus grand lac sur le territoire de l'actuelle Arménie (Van est en Turquie), c'est la destination préférée pour les week-ends, vu que le pays n'a pas d'accès à la mer. Et j'arrive un vendredi ... Staline avait lancé une opération d'utilisation des eaux du lac pour alimenter des centrales électriques, ce qui a abaissé de plusieurs mètres le niveau du lac, des tristes sires n'ayant pas la vision du grand dirigeant soviétique se sont ensuite opposé au projet (un des combat pré-indépendance) et cela a été arrêté, voire inversé, des cours d'eau ayant été détournés pour alimenter le lac afin que son niveau remonte. Cynisme écologique, pour remplacer cette source d'énergie, une centrale nucléaire a été construite ...

Ce qui m'empêchera nullement d'aller piquer une petite tête, la chaleur étant toujours écrasante. Vu l'étendu du lac (75km), même si y a du monde, y a de la place. Le cadre est vraiment beau, des collines aux différents tons de verts et marrons, avec une belle couleur due au ciel couvert. Entre deux baignades, je continue mon « L'Océan au bout du chemin » de Neil Gaiman, magistral, comme d'habitude. Le ciel se chargeant, je lève le camp, me perd en rentrant, et durant la grosse phase de l'orage, je terminerais le bouquin sous un porche, avant de retrouver l'hôtel. Là je partage la chambre avec un mec des Alpes qui est revenu en Arménie retrouver des apiculteurs rencontrés 7 ans plus tôt, et un marseillais qui bloque sur mon autocollant « Vortex », étant un habitué des soirées electro underground et Sing or diekaraoke. Du coup, on se fait un apéro charcutaille / bières locales sur la terrasse (en construction ...).

Samedi 4 Août

Alors que je suis en position kung fu taxi pour envoyer chier un mec qui veut me conduire à Gavar alors que je lui ai dit que je cherche un bus pour y aller, celui-ci m'indique l'arrêt du bus ... Je peux avouer que je me trompe, alors, oui, il existe une (infime minorité) de taxis honnêtes et sympathiques dans le monde (même si la majorité sont de gros bâtards). Une dame voulant rendre service me fait prendre un marchrout qui me dépose en dehors de Sevan, en un lieu où passent les bus pour ma destination. Et là m'attend une horde de taxis qui se précipitent vers moi pour se repaître de mon corps. Non, y a pas de bus, pas ici, pas avant 13h ... J'attends, impassible, pendant 30mn, rien. Ils reviennent à l'assaut, goguenard. Et vu que ça me gonfle, je pars à pied sur la route, ouais, y a 30 bornes, mais moi aussi je peux avoir un caractère de cochon. Je longe la route, qui elle même longe le lac, au bout d'une heure de marche, un jeune camionneur qui transporte du lait s'arrête et me transporte sur quelques kilomètres, malheureusement il bifurque. Heureusement, c'est couvert. Au bout de deux heures, le soleil commence à taper, j'aperçois un mec à un embranchement et lui demande si un bus passe, il me dit qu'il l'attend. Le bus arrive 20mn plus tard, le temps qu'on discute de ma carte d'Arménie, le bus arrive. Je descends 10km plus tard, pour un monastère. Il est tout petit, mais sa position sur un promontoire au dessus du lac est assez bloquante.

Plutôt que d'attendre un prochain bus, je décide de me faire les 10 dernières bornes à pied, le paysage étant agréable. Au bout d'un moment, deux mecs s'arrêtent et propose de m'avancer jusqu'à l'embranchement de Noradouz, le cimetière de khatchkars où je vais, et un mec à qui je demanderais la confirmation de mon chemin me proposera de me déposer à l'entrée ...

Les khatchkars sont donc ces blocs de pierres taillés autour de motifs de croix. La pratique est pré-chrétienne, remontant à des pierres-dragons associées au culte de l'Eau (ça sent le scénario Néphilim à plein nez ...). Noradouz, cimetière toujours en activité, est le plus grand centre de khatchkars au monde depuis que les Azeris ent ont détruit un autre dans les années 80. Une légende raconte que les habitants de Noradouz aurait mis une armée en fuite en affublant les pierres d'autours guerriers pour faire passer le cimetière pour une armée innombrable. Au bout de quelques minutes, une petite vieille qui vend des bonnets de laine se propose de me faire la visite. Et c'est une des meilleure guide que j'ai jamais eut ! Elle me fait voir des pierres que j'aurais jamais vu, m'expliquant moult détails, à peine visible. Bien évidement, elle finira par me conduire à la boutique qu'elle tient avec sa sœur, mais c'est avec plaisir que j'y ferais des emplettes, et c'est toujours ça que les taxis n'auront pas !

En sortant, je prends la route de Gavar où j'espère me choper un bus (là, je me sens pas les 30km retour ...), quand un orage de sa race explose. Un mec s'arrête, me fais faire les 5 kms qui me séparent du village et me dépose à l'endroit où les bus passent. Forcément, un chauffeur de taxi m'accoste. C'est un vieux avec dents en or et claquettes/chaussettes qui est aussi bon en anglais que moi et qui m'explique qu'il n'y a pas de bus pour Sevan. Je le prends à la rigolade en disant que depuis mon arrivée en Arménie, tous les bus ont disparus. Il rigole, et il me dit que le bus passe à 17h, dans 1h30. Je lui dit que j'attendrais et sors mon bouquin (« Faux-Semblance », recueil de nouvelles de SF d'Olivier Paquet) pour patienter. Il reviendra plusieurs fois à la charge et pour m'en débarrasser je lui montrerais mon portefeuille avec 1000 drams dedans alors qu'il me demande 4000. Ce qui me laissera peinard jusqu'au retour dans un vieux bus poussif.

Dimanche 5 Août

Départ à pied pour la péninsule de Sevan, qui fut un temps une île. Je pars en longeant la côte, passant à côté de tous les campings, soviets de cabanons (dont certains construits dans des citernes de camion-citernes), buvette et autres plages publiques. Je longe aussi des lotissements abandonnés, submergés par la politique de renflouement du lac. Entre ciel couvert et éclaircies brûlantes, de belles couleurs. C'est dimanche, y a du monde. Je fais quelques pauses ploufs sur le trajet pour me rafraîchir.

 Au bout de deux heures, j'arrive à la péninsule. Quelques centaines de marches pour arriver aux églises sur le promontoire, caramba, dimanche, 11h c'est la messe ! Sold out, je ne pourrais rentrer dans l'église. Mais le site est impressionnant, on domine le lac, dont je n'aperçois pas les limites. J'essaierais d'aller jusqu'au bout de la péninsule où un mec en uniforme me fera comprendre de faire demi-tour, je dois avoir découvert l'entrée d'un complexe ultra-secret.

Rentrée peinard, plouf, bouquinage et replouf avant l'orage de fin de journée (autant il fait chaud mais ça caille dès que le soleil se couche).

Lundi 6 Août

Après une baignade matinale, en solitaire avec un vieux et des canards (ouaip, les gens bossent le lundi ..), je chope le marchrout pour Erevan. Sur la route entre Sevan et la capitale, des stands qui vendent bouées, serviettes mais aussi du bois pour le barbeuc. Les collines sont plus sèches que dans la région de Dilijan, on arrive après une heure de route. Connaissant maintenant la ville, j'aurais pas de soucis à trouver l'auberge de jeunesse, centrale, sympa et pas chère (13 balles les 3 nuits avec petit dej).

Je tente d'aller au Madenataran, le musée des manuscrits, mais c'est lundi, c'est fermé. Je redescends l'avenue jusqu'au musée Paradjanov. C'est un cinéaste géorgien aux œuvres psyché-poétiques à la Jodorowsky, l'URSS l'interdit de tourner des films après ses deux premiers (décadence petite-bourgeoise, tout ça ...) et l'envoie quelques temps en camp de rééducation pour pas qu'il s'éloigne des préceptes de tout bon soviétique. Une fois sorti, vu qu'il ne peut pas filmer, il se mettra au collage et autres œuvres barrées (qui ne dénoteraient pas chez le Dernier Cri). Preuve que le stalinisme ouvre de nouvelles opportunités artistiques.

Après un postage de cartes postales avec des monastères sur fond de montagne (y a pas trop le choix façon ...), je cherche la première et plus petite église de Yerevan, pas loin de là où je crèche finalement. Ensuite, bouquinage dans le parc de l'Opéra (« H.P.L. », hommage déjanté de Roland C. Wagner à Lovecraft). Une pizza arménienne et une bière, avant le retour à l'hôtel.

Mardi 7 Août

Le soucis avec les dortoirs dans les hôtels pas cher, c'est pas les ronflements, pour ça j'ai mes bouchons de concerts, mais l' (absence d') épaisseur entre ton corps et les lattes... Pas de kung fu taxi ce matin, mais c'est toujours compliqué de se faire comprendre en l'absence d'alphabet commun avec le chauffeur de bus. Heureusement, une gentille dame viendra à notre rescousse et me fera avoir ma correspondance. Je sors un peu de la ville, 30 bornes, pour aller au monastère de Gueghard. Les collines sont bien plus sèches que dans le nord. Le marchrout me laisse à 5 bornes de ma destination, en plein cagnard de sa race. Je choperais un soudjouk (saucisson sucr馭ait avec des noix et du jus de raisin) à une vieille sur le bord de la route pour tenir. Sur le chemin, je rencontre une hollandais et un français bien sympa. Lui remonte depuis l'Iran et continue en Géorgie puis en Turquie.

On arrive en vue du complexe monastique de Gueghard, au fond d'une gorge, ceint dans son écrin de falaises. Je crois pas avoir utilisé « écrin » jusqu'à maintenant, fou ça pour des descriptions de paysages ... Ils sont fort ces moines pour toujours choisir des sites bloquants. La spécificité de celui-ci est d'être en partie troglodyte. La coupole et la porte sont très travaillées, on retrouve le motif de grappe de raisin, incontournable. La première église et son parvis donnent une impression de grandeur, due aux arches et à leurs tailles. Une seconde église est accolée, creusée directement dans la parois de la falaise. Ce côté chthonien lui donne un aspect très mystique, ajoutant la dimension grotte à celle d'église. D'ailleurs une source sacrée est présente dans une salle troglodyte juste à côté, et cela m'étonnerais pas qu'ils aient construits ces lieux sacrés en rapport avec cette source. Les armoiries de la famille à l'origine de cette église sont sculptées, mêlant bêtes, lions, serpent, aigles, rajoutant à cette sensation ésoterico-mystique. Parait que l'acoustique est exceptionnelle. Au Moyen-Âge, une musicienne arménienne virtuose eut l'autorisation de donner des cours à des moines, mais derrière un tissu, faut pas déconner. Les monastères se suivent mais ne se ressemblent pas.

On fera du stop pour éviter le retour sur la grosse chaleur. Un jeune sympa nous prendre tous les trois puis un russe. Il fait un peu le mariole en poussant sa bagnole. En s'arrêtant à la station service, il nous demande de sortir et de s'éloigner de la voiture. En fait, c'est une bagnole au gaz, danger d'explosion en faisant le plein dans un espèce de gros réchaud au fond du coffre ! A un moment,ça cale, on pousse dans la côte, et au final il nous ramène jusqu'à Erevan. Je finis mon H.P.L.au parc, avant de faire mes courses de charcutaille et retourner à l'hôtel.

Mercredi 8 Août

Levé tôt pour tenter Khor Virap en bus, que le bus il existe pas, que tu peux y aller qu'en taxi et qu'au final je chope le bus de 9h. C'est à une trentaine de bornes d'Erevan, et il a quelques kilomètres à faire à pied, toujours sous une chaleur de plomb. Khor Virap, c'est la carte postale de l'Arménie avec le mont Ararat en fond. Ce dernier, en plus d'être l'endroit où Noé est censé avoir manqué son créneau, mais pour l'excuser, y avait un temps de merde, est un des emblème des arméniens, d'autant qu'il se trouve actuellement en territoire turc. On voit d'ailleurs les barbelés et les miradors de la frontière toute proche.

Khor Virap tient une place importante dans le christianisme arménien. Le fondateur de la religion, Grégoire l'Illuminateur, y fut enfermé 13 ans par le roi d'Arménie qui martyrisait les chrétiens, et comme c'était pas un rigolo, c'était dans une fosse pleine de serpents et de scorpion. Dans la foulée, il massacra 50 vierges (forcement) chrétiennes. Jean-Claude Dieu le prit fort mal et le roi tomba malade (pas bien compris s'il a été malade pendant les 13 ans de la fosse ou bien juste avant). La sœur du roi had a dream où Grégoire le soignait. Et que pensez-vous qu'il arriva ? Bingo ! Le roi fit venir à lui l'Illuminé, qui le guérit, et hop, conversion et c'est comme ça que l'Arménie est devenu le premier pays chrétien au monde. Du coup, c'est forcement blindé de monde. En dehors de l'emplacement majestueux avec le mont Ararat, l'église n'a rien d'exceptionnel. Si ce n'est la fosse où fut enfermé Grégoire, dans laquelle tu peux descendre si t'es pas claustro. Vu le monde qui attendait, j'y ai renoncé.

Sur le retour, j'ai été pris par un mec cool qui m'a laissé à un arrêt de bus pour Erevan. Là, après un atelier cartes postales, je suis allé au Madenataran, qui n'est pas l'endroit où se forment les sœurs du Bene Gesserit, mais le musée des manuscrits. La statue de Mechrops Machtots, inventeur de l'alphabet arménien, garde les lieux. Le musée a été créé sous les soviétiques, pour rassembler des milliers de manuscrits disséminés dans les monastères. Niveau enluminures, ça claque sa race, avec une majorité d'illustrations bibliques mais pas que. D'un gigantesque bouquin, à un minuscule, lisible à la loupe, œuvres du même copiste avec des pages en peau de veau, on passe aussi à des cartes médiévales et les techniques de coloration des encres (noix, or, insecte ...). Fort intéressant.

A la sortie, canicule dans la face, du coup, bouquinage à l'ombre dans un parc, avant le retour à l'hôtel.

Jeudi 9 Août

L'avantage quand tu connais l'endroit et l'heure approximative du départ d'un bus, c'est que t'es plus souple pour le kung fu taxi. Du coup, je chope mon mini-bus pour Goris, qui partira une fois plein, pas d'horaires fixes, après que les différents mini-bus, marchrouts, taxis and co aient fini de jouer à Tétris avec les passagers. L'avantage vu que c'est une longue distance, c'est qu'ils sont moins à l'arrach' qu'un marchrout, je peux même poser mon sac à dos dans le pseudo-coffre. Direction le sud donc, avec un peu plus de trois heures de trajet, très beaux paysages de gorges,collines verdoyantes puis plateau aride avec pas mal de ruches et d'apiculteurs en caravanes.

Goris se trouve au creux de montagnes, toute en longueur, sur la route pour l'Iran et le Karabagh. La ville est jumelée avec Vienne (en France), et il y a de nombreux programmes d'échanges culturels, pas mal d'habitants parlent français et y sont déjà venu. A côté de la ville, se trouve la cité troglodyte, habitée jusqu'au 19e siècle, où j'irais déambuler en fin d'aprèm. Les cheminées de fées sont moins impressionnantes qu'en Cappadoce, mais c'est fort agréable, après quelques jours de grosse ville et des heures de bus. En rentrant à l'hôtel, le dortoir où j'étais seul est colonisé par une myriade de chinois.es fort sympathiques, qui me chouchouteront niveau bouffe, surtout après que je leur ai dit avoir visité la Chine et montré mon tatouage de carpes chinoises.

Vendredi 10 Août

Avec Xing Hong, une des chinoise qui a pas mal bourlingué (notamment un trek sur la Route des Incas), on chope un taxi pour le téléphérique de Tatev. Elle se montre redoutable niveau marchandage (5 euros au lieu des 20 demandés ...). C'est le téléphérique le plus long du monde avec ses 5,7km, ce qui en fait une attraction à part entière (une route mène aussi au monastère par la montagne). Mon vertige ne se déclenche pas dans les espaces clôts, du coup je profites pleinement de la traversée de deux gorges successives, ma foi fort impressionnantes. Face à ça, on se sent tout petit (rappel, ceci est une phrase à placer une fois dans tout carnet de voyage digne de ce nom. Si en plus vous placez « J'ai bien cru que mes poumons allaient exploser. », vous gagner le prix Indiana Jones). Lorsque dans la cabine, quelqu'un fera chuter avec fracas un objet métallique sur le sol, personne ne fera le mariole ... 

 Une fois arrivés, le monastère est fort proche, il y a du monde (c'est le monastère le plus visité en Arménie) mais vu qu'il est tôt, on est loin de l'émeute. Faut dire qu'il a de la gueule sur son piton rocheux. Presque entièrement détruit par un séisme en 1936, le monastère est toujours en restauration, même si la majeure partie est dorénavant debout. Durant le Moyen Age c'était un haut lieux d'érudition, accueillant plusieurs centaines de moines. Une partie des enseignements portaient sur des outils pour lutter contre l'unionisme, qui ne désignent pas les traîtres irlandais mais les partisans d'un retour au sein de l'église catholique. Je serais particulièrement scotché par l'intérieur de l'église principale, mur élancés, la coupole semble incroyablement haute, portée par quatre piliers, arbres minéraux fascinant.  

On redescend ensuite par la route des gorges, un chien nous suit sur la majeure partie du trajet. Au bout de quelques heures, on arrive au « Pont du Diable », architecture naturelle due aux dépôts de calcaire, stalagmites et piscines naturelles, rencard des familles. Ce qui nous arrangera bien vu qu'on attendra pas longtemps en faisant du stop, ce qui nous évite 30 bornes de marche ...

Samedi 11 Août

Jour de pluie : café, bouquinage (« Zulu » de Caryl Ferey) et tchatchage au chaud avec l'auberge espagnole qu'est devenu le dortoir de cet hôtel (chinois., néo-zélandais, coréens ...).

Dimanche 12 Août

Les taxis ne mentent pas toujours, c'est dimanche, du coup il n'y a réellement pas de bus pour le bled où je voulais aller. Du coup,direction le vieux Goris pour une montée sur les hauteurs. Temps toujours à la pluie, du coup cimetière et brume font leur petit effet lovecraftien (j'ai fini le Caryl Ferey et j'ai attaqué « Le Roi en Jaune »). Avec la rincée de la veille, les herbes hautes sont bien humides et j'ai les godasses et le frox trempés, sans compter le côté glissant de la caillasse et des passages dans la gadoue. Mais une fois arrivée en haut, c'est très beau et j'enchaîne crête et plateaux pendant un bon moment pour arriver à un ensemble de cheminées de fées. A certains moment la brume fait que j'y vois pas à 20 mètres, ce qui renforce l'ambiance. Après cinq heures de ballades, retour à la casa où iraniens et français ont remplacé les chinois et coréennes.

Lundi 13 Août

Bus matinal pour Khntsoresk avec Solenne, une lyonnaise arrivée la veille, mais sans l'iranaien qui étit motivé hier soir mais qui roupille encore. On monte sur les hauteurs et on trace un petit moment,jusqu'à ce que le chauffeur nous indique gentiment l'arrêt le plus proche de ce qui nous intéresse, à savoir le village troglodyte. La brume est toujours imposante et on découvre plusieurs cheminées de fées et une église. On commence à déambuler entre les habitations, la brume se lève doucement et on se rend compte que le village est assez vaste, bien plus que le vieux Goris. 

Il prend tout le flanc d'une gorge, qu'on descendra en partie avant de la traverser via un pont assez impressionnant. D'en face, on se rend compte de l'étendue du village, qui a compté jusqu'à 1800 habitations et a été habité jusqu'au 19e. Certaines cheminées aménagées servent encore de grange pour les vaches. On décide de tracer tout droit à travers plateaux et crêtes, mais on se rend compte que c'est assez loin en fait, d'autant que j'ai un bus à 13h,et le temps de gamberger pour faire du stop, la voiture d'un couple de russes s'arrêtent et nous ramènent à Goris.

Du coup, je suis rentré à temps pour le bus pour Sissian. Arrivé à ce petit village, je me rends compte que le lieu que je veux voir est en fait à 4 bornes, et qu'avec mon gros sc à dos, ça va être pénible. J'ai a peine le temps de le poser et lever le pouce qu'une bagnole s'arrête, me dépose à une station service où le premier camion qui en sort me chope et me dépose à 300 mètres du site mégalithique de Zoratskar. Les estimations le datent entre -5000 et - 4000, il est donc bien antérieur à Stonehenge (environ - 28000) Il y a un cercle de pierres levées, et pas mal d'autres ménhirs alentour, dont un sur trois est percé d'un trou. La vocation astrologique du lieu semble faire l'unanimité chez les scientifiques. Ajoutez à cela un cadre magnifique, et je bloquerais un certain temps ici.

Soucis de Sissian, y a pas de bus pour Yeghegnadzor (qui n'est pas la demeure de Sauron), ma prochaine étape. Il est presque 16h et j'ai plus de 80 bornes à parcourir en stop. Je poiroterais un peu au bord de la route,mais ensuite trois plans s'enchaîneront me laissant à 19h à destination. Voyager en stop en Arménie est vraiment efficace, dommage que je ne maîtrise pas la langue, ni le russe pour creuser les échanges.

Mardi 14 Août

Comme ça fait bien deux jours que j'ai pas visité de monastère, levé tôt pour Noravank. A priori, route de 10 bornes puis ensuite 6 bornes dans un canyon. Vu que je suis en forme et surtout que le paysage est super beau (collines multicolores, rivière ...), je me fais les 10 bornes à pied (même si je suppute qu'il y en avait au moins 12 ...) avant d'entrer dans le canyon. Avec mes 2h30 de marche dans les jambes, je lève le pouce et une bagnole de jeunes s'arrêtent rapidement, me conduisant au monastère. Celui-ci est juché sur un promontoire, entouré des falaises rougeoyantes du canyon. Y a pas à dire, ils savaient choisir leurs sites.

Plusieurs églises, dont une sur deux niveaux,l'étage étant accessibles par un escalier extérieur sans rambarde qui aura raison de mon vertige. De très beaux khatchkars et bas reliefs, dont un de Monsieur Dieu, créant Adam. La plupart sont l'oeuvre d'un certain Momik qui n'était pas manchot. Je partirais avec l'arrivée des bus d'Erevan, en descendant les 6 km du canyon, forts agréables, à pied, ne décidant à faire du stop qu'à l'embranchement où il reste les 10 (ahaha) bornes. J'ai même pas le temps de poser mon sac qu'un jeune s'arrête, me faisant laissant à un bled à mi-parcours et là après même pas un quart d'heure, un autre mec me chope et me dépose à Yeghegnadzor.

Mercredi 15 Août

En sortant de la ville, je retrouve ces tuyaux qui serpentent sur les trottoirs, qui se divisent en filaments vers les maisons. Renseignement pris, c'est l'alimentation en gaz qui dessine une belle architecture industrielle. Je traverse le village de Vernishen, où les petits vieux offrent des visages aussi aimable que des flics, mais dès que je les salue d'un « Barev », leurs sourires s'illuminent et ils s'inquiètent tous de ma destination, m'indiquant la direction à prendre.

C'est parti ensuite pour 3h30 de montée de col, un chemin de terre rude mais sans obstacle, et surtout une vue magnifique sur les collines pelées tout autour qui offre une palette de diverses teintes (« palette » ça fait bien dans une description de paysage, comme « écrin », ce carnet de voyage en lice pour le Goncourt!). Le monastère de Spitakavor se dévoile au détour d'un virage, une toute petite église, avec un clocher indépendant, ce qui est fort rare, sur fond de falaise. 

Sur le tympan, une fort belle Vierge à l'enfant de Momik. Je continue ensuite vers un piton rocheux où se trouvent les ruines de la forteresse de Boloraberd, ascension de sa race (logique pour une forteresse imprenable). Il en reste pas grand chose, mais les quelques murs, et même un four, titillent l'imaginaire.

Je ferais ma pause devant ce super panorama, avant de redescendre par un autre chemin, un vallon qui longe un rivière, puis un canyon, tout d'abord d'en bas, et ensuite sur les gorges. Je ferais Mary Popinguin au milieu de papillons multicolores qui m'accompagnent (putain de hippie), tout en évitant les herbes hautes pour cause de serpents. J'en prends toujours pleins les mirettes, et les cuisses aussi après plus de 7h de marche, en croisant dégun et son chien. Sur le passage, je choperais une glace CCCP (avec la faucille et le marteau et tout) pour me rafraîchir.  

Jeudi 16 Août

Ce matin je pars vers l'est, moins d'ascension, plutôt un paysage de collines sèches, le soleil tape fort très tôt. Quasiment personne, si ce n'est un petit vieux qui insiste pour me prendre en bagnole. Il arrête pas de parler en arménien et de gesticuler, rendant sa conduite, comment dire, plus que chaotique. Heureusement il me dépose moins d'un kilomètre plus loin, arrivé devant son cabanon ... Après les nuages de papillons hier, aujourd'hui ce sont des hordes de sauterelles qui s'éparpillent à mon passage.

L'église de Tanahat apparaît bientôt, minuscule au milieu des contreforts arides. Divers ornements sur la façade, une scène de chasse, un aigle tenant un mouton dans ses serres, des oiseaux, un cadran solaire ... Même s'il n'en reste plus rien, il y avait dans le coin l'université de Gladzor, haut lieu de culture au XIIIe siècle, qualifiée de « Nouvelle Athènes ».

Je continue vers Sourp Khach, église plus récente où je me ferais une pause « Le Roi en Jaune » . Quatre heures et une quinzaine de kilomètres dans les pattes, je retourne doucement vers la casa, sans oublier la pause pour choper ma glace CCCP.

Vendredi 17 Août

Levé à 6h30 pour une grosse journée de marche. Le soleil tabasse déjà à partir de 8h. Première étape, Spitakavor, cette fois je monte via le canyon par lequel j'étais redescendu mercredi. Toujours aussi agréable, sauf que je tenterais de prendre un raccourci dans le raccourci, qui me fera perdre un bon moment dans une pente de hautes herbes, où des gros lézards verts fuiront devant mon tombereau d'insultes marseillaise. J'arrive à l'église au bout de trois heures, me fait ma première pause en errant en Carcosa, puis repart vers Chativank, monastère à, officiellement, 9 bornes de là. 

Y a sûrement un stagiaire du C.R.I.C.R.I (cf. épisode islandais) qui est passé par là, le panneau a finalement indiqué une mauvaise direction. Du coup, mantra du gnome ranger « globalement, c'est par là », suivi de la formule magique « ouaip, on va dire que c'est un chemin de chèvres ... » (même si le néophyte n'y voit qu'une putain de ravine qu'elles se ressemblent toutes). En général ça marche, mais je suppose que l'Ennemi (oui, lui) a utilisé ses pouvoirs pour changer tout ça et me faire galérer sévère dans une putain de côte à hautes herbes glissantes qui mène à que dalle, même si c'est super beau avec collines sauvages, bien plus vertes qu'hier, plateaux, rivières, et même orgues basaltiques. 

Au bout d'un moment, je retrouve un chemin, mais de monastère, que nenni. Je continue et ferais demi-tour à 14h (ça fait 7 heures que je suis parti), rentrerais par les crêtes qui donnent sur la vallée et arriverais à 18h, bien crevé, non sans être passé choper ma glace CCCP, ce qui a bien fait rigolé l'épicière avec ce rendez-vous quotidien.

Samedi 18 Août

Départ pour Yerevan par marchrout, on passe par Areni, la capitale vinicole, sur le bord de route, le pinard est vendu dans des bouteilles en plastique, dont certaines de Coca .... Terminus à un endroit que je connais pas de la ville, impossible de choper les noms des rues ou des marchrout lisible pour moi, du coup avec un globalement c'est par là, je traverse la ville (c'était en périphérie) en 1h30 pour arriver à l'hôtel, noyé de transpiration (grosse chaleur et sac à dos ..). Après une douche bienvenue, je trace à la poste centrale pour les dernières cartes postales, vais visiter le musée d'Art moderne avec des toiles qui m'accrochent bien, trace vers une petite église paumé avant de me faire une pause bouquinage (« 14 juillet » de Vuillard) au Parc des amoureux, bien sympa avec ses petites cascades, mais envahit par les couples pour les photos de mariages....

Rencard ensuite avec Solenne, lyonnaise rencontrée à Goris, et une copine à elle pour aller au Festival de la Bière. On y restera pas longtemps : stands de pressions arméniennes classiques et brochettes, avec option musique à fond. On préfèrera se faire notre Kilikia au bord des gorges du Hrazdan, avant d'aller voir les fontaines musicales (spectacle eau, son et lumière des fontaines de la Place de la République) avant d'aller se faire une pizza arménienne et autres dérivés.

Dimanche 19 Août

Ayant résolu le dilemme, ça ronfle sa race dans le dortoir mais si je mets mes bouchons j'entendrais pas le réveil à 6h30, en dormant au final mal et peu, je me dirige vers le bus de 7h. Après les taxis, le deuxième ennemi c'est les « tours » où tu paies tout pour te faire amener et visiter des lieux que tu peux faire en marchrout et/ou à pied. Soucis, pas trouvé de telle solution pour la forteresse d'Ambert que je voulais voir. Donc j'ai chopé un tour à 10 balles avec marche sur le mont Aragats puis Ambert. Le guide fait 1,90m avec se petite trentaine, son treillis et ses chaussures militaire, on va pas rigoler. Un espagnol arrive avec l'équipement complet du randonneur de choc, puis une russe idem. Je déglutis, je vais en chier ma race. En fait non, 8 jeunes arméniennes se pointent en jeans / baskets. On passera donc notre temps à les attendre. Après deux heures de route, on commence l'ascension à partir d'un lac, brume de sa race, ça rappelle l'Irlande. 

Ça grimpe doucement, puis plus costaud dans la caillasse. Toujours la brume qui bouche la vue, et quelques moments « pittoresques » avec cassage de gueule parce que les jeunes marchent en se filmant au smartphone ... Au bout de trois heures, avec des pauses tous les 15mn pour attendre les retardataires, on arrive au sommet. Brume, on voit que dalle, Craig Patrick style. Pause repas, je me fais chouchouter par les arméniennes qui prennent en pitié mon paquet de biscuits. Malgré le côté « bras cassés », l'ambiance est fort sympathique. Il se met à pleuvoir, puis à grêler ... Descente dans la brume et sous la grêle, ça se calme à mi-chemin et le brouillard se lève, c'est très joli en fait ...

On se reprend le bus pour Ambert, forteresse juchée sur un promontoire de 3 côtés, situation idyllique (pour défendre une forteresse, parce quand t'as oublié le pain au village, c'est une autre affaire ...). Elle date du Xe siècle, mais le site stratégique était occupé dès l'Âge de Bronze. Réputée imprenable, il fallait pas la faire aux Mongols qui la rasèrent au XIIIe siècle, elle fut reconstruite et abandonné au XVIIe. Elle a encore de beaux restes, en plus du décors impressionnant (gorges,rivières ..). Au bout du promontoire, une petite église qui donne sur les gorges et ajoute à la touche « raaah c'est beau ». Retour en bus et sous l'orage à Yerevan.

Lundi 20 Août

Mes bouchons ayant résisté à un dortoir plein d'indiens qui ronflent, je me lève en forme pour Garni, lieu proche de Guéguard visité auparavant, ce qui me permet de kung futer les taxis en étant sûr de moi. C'est à une trentaine de bornes de Yerevan, après un paysage de collines pelées. Garni est le seul temple pré-chrétien encore debout dans la région. D'architecture gréco-romaine, il aurait été dédié à Mithra ou Hélios, mais dégun n'en est sûr. Il a été reconstruit avec les éléments d'origine après un tremblement de terre. Il ne reste pas grand chose par contre du palais et les thermes à côté, si ce n'est une superbe mosaïque.

Je bloquerais toutefois plus sur le cadre. Une fois encore sur un promontoire qui domine des gorges. Je me ferais ma ballades dans celles-ci, envoûté par une série d'orgues basaltiques de toute beauté. Très différentes selon leurs emplacements, on navigue entre falaises non-euclidiennes et grottes de dragon. Sur le chemin du retour, je goûterais d’excellentes figues et je choperais du miel local, et du vin de grenade, pour les apéros au retour. Et théorie confirmée, le vent se lève le soir à Yerevan.

Mardi 21 Août

A force, je gère, chope le bon bus pour aller à la gare routière centrale de Kilikia (qui n'est pas celle en centre-ville malgré son nom) et de là-bas sait ou attendre le marchrout pour ma destination, en esquivant les taxis. Ovannavan n'étant pas bien desservi, j'attendrais une heure, le temps d'avancer dans ma lecture. Le bus est cacochyme, mais on sort tant bien que mal de Yerevan, dans la même direction, globalement, qu'Amberd, en longeant de belles gorges. J'ai failli manquer le bon village et en descend à sa sortie, mais des vieux joueurs de cartes m'indiqueront la direction du monastère. Celui-ci se trouve en surplomb de la gorge, encore un superbe cadre, et l'église en jette. Un peu plus grande que la plupart de celles vues jusqu'ici, faite de pierres noires et rouges du plus belle effet. Le gavit est impressionnant avec sa coupole et ses colonnes. Sur le tympan de l'église, Jean-Claude bénit un groupe d'auréolés et en chasse dédaigneusement un autre.

Je me mets ensuite en route pour un monastère, Sarmossavank,ayant repéré qu'il était possible via un chemin au fond de la gorge. J'attaque celui-ci depuis le cimetière, tout en descente au début, c'est fort agréable. Au bout d'un moment, j'aperçois l'autre église en haut d'une falaise, la classe, et continue. J'atteins une barrière barbelée avec un écriteau en arménien qui barre le chemin, je la contourne en espérant que cela ne signifie pas «Danger, mines » et au bout d'une heure et demie arrive à un endroit impossible à traverser (mares, éboulis ..), sûrement ce que voulait dire l'écriteau ... Je fais donc demi-tour. J'attendrais ensuite une nouvelle heure pour le bus retour, le « 14 juillet » touchant presque à sa fin.

Dernier soir à Yerevan, je me fais donc péter un restau, avec légumes marinés, côtelettes d'agneau idem et un bon verre de pinard local, avant d'aller déambuler dans les rues, y a du monde le soir, avec plein de gamins dehors. Autre constat, j'ai pas vu une seule meuf fumer, alors que les mecs y vont sévère. Je reste un moment à Cascades, des plus joli et agréable le soir.

Mercredi 22 Août

Dernière journée. Je me fais ma mission cadeaux/souvenirs/miammiamglouglou avec tout d'abord le marché aux puces de Petak, à quelques blocs d'une station de métro, quartier prolo, je me crois revenu au bled, dans le 15e. J'enchaîne ensuite avec Vernissage, qui n'est pas un lieu branchouille où tu bouffe à l'oeil mais l'ancien marché aux puces devenu stands à souvenirs et autres merdouilles, puis la boutique du musée des manuscrits. Ensuite journée passée à déambuler, bouquiner dans les parcs, sans oublier la brochette du midi.

Pleins d'autres photos ici : Album photos Arménie