Lofoten 2024

Vendredi 2 & samedi 3 août

Nouvelle destination en terre viking cette année, mais même s'il s'agit aussi d'un petit archipel, à priori les Lofoten n'ont pas grand chose en commun avec les Orcades et les Shetland niveau paysage. 

Après un reveil à 3h30 et une escale Magritte et frites à Bruxelles, j'arrive à 1h30 à Oslo, la rue où se trouve mon auberge de jeunesse enfile les bars et les jeunes qui font la fête, mais après presque 24h sans dormir, je plonge dans le lit au dortoir.

Levé tôt pour flâner un peu, mon train pour le nord étant à 14h. La ville est calme et agréable, je me pose au port à côté du monumental opéra, aux allures d'immense iceberg et qui me rappelle le centre culturel de Reykjavik, aka le Mucem nordique. Je continue sur le flanc de mer, jusqu'à la forteresse d'Akershus qui offre un joli point de vue sur la baie. Je me mets ensuite en chasse d'une cartouche de gaz pour mes bivouacs, chope des dattes au passage et vais pique-niquer avec les canards au très boisé parc royal. 

Après une mini-sieste, direction l'aj pour récupérer mon sac à dos. Cette année, il fait seulement 14,5 kilos, contre 18/20 kg les années précédentes, because séjour plus court et donc moins de bouffe embarquée et investissement dans une tente plus adaptée au bivouac, plus petite et plus légère. 

C'est parti pour 19h de train. Ce qui peut paraître long mais entre les paysages, la préparation du séjour avec guide et cartes et "L'enfant de poussière", roman de Patrick K. Dewdney, j'ai de quoi faire. Je vais essayer de dormir aussi, tiens. On longe fjords, forêts et rivières, le train permet de rentrer progressivement dans le voyage. A ce propos, je verrais ma dernière nuit avant quelques temps, le soleil ne se couchant pas sur les Lofoten en cette saison. Je m'endors vers 1h du mat', pris dans les aventures de Syffe.

 

Dimanche 4 août

Réveil à 5h30. Après un café cher et dégueulasse, je bloque sur les paysages. Bras de mer, lacs, forêts, la beauté des paysages, et le manque de sommeil, provoquent une contemplation sereine. C'est très détendu que je franchi le cercle polaire, le train avale les kilomètres et moi le bon mojo. Le train arrive sans retard à 9h05 à Bodo. Et juste le temps de me connecter au monde 10 minutes, je fonce ensuite au port pour choper le ferry. La traversée dure 3 heures, ce qui permet à la nonchalance de perdurer. Les Lofoten apparaissent, imaginez des montagnes qui surgissent de la mer, passé le choc de ces monts cyclopéens, voire hallucinés, une question fuse, comment bordel on peut monter tout en haut ?

J'ai la flemme d'attendre deux heures le bus pour aller au sud de l'île, je décide d'y aller à pied, c'est que 5 bornes. Le cagnard tape sévère, ouais je sais, on est au delà du cercle polaire. Alors le nom du bled, c'est Â, tout court, qui se dit "oi" et qui est la dernière lettre de l'alphabet norvégien. C'est un village musée autour des rorbuer, les maisons rouges de pêcheurs traditionnelles sur pilotis, mais en mode carte postale ici. Bref c'est le lieu incontournables pour les touristes qui viennent en masse, trop pour moi, je me refugie à la pointe sud, face à mer et l'Andstabben une des fameuses montagnes qui surplombent le village et dont je ne vois toujours pas comment atteindre le sommet. 


Maya, Sacha, Karine et Alex, en vacances aussi aux Lofoten, me rejoignent et, après une tchatche tranquille, on part du côté du lac Àgvatnet qui jouxte le village, vu que je compte poser ma tente sur ses berges. Ils se font un plouf, car même s'il est 20h, le soleil tape toujours. Je préfère me baigner pus tard, quand j'aurais dressé le camp. On se dit au-revoir, et j'entame le tour du lac. Avant de continuer, petit point qui a son importance, les sentiers de rando ne sont pas balisés aux Lofoten. Rien, nibe, nada. Pas le début d'un tracé de peinture, ni même d'un piquet. A côté, l'Islande (cf. Carnet de 2016) c'est Time Square. La plupart des gens se guident au smartphone/gps. Le jour où il y aura une panne informatique majeure, ça fera une hécatombe aux Lofoten.

Alors même si le lac est magnifique, même si le reflet des montagnes ça déchire sa race, je me retrouverais dans un screugneu de cul-de-sac à fougères à galérer, avant de rebrousser chemin en maudissant l'absence de balisage. Bon, je trouverais un très chouette spot pour la nuit, mais il est 23h30 quand j'ai fini de me poser, ouais il fait plein jour, et je m'effondrerai épuisé.

Lundi 5 août

Grass'mat' jusqu'à 7h, il fallait au moins ça pour récupérer. Je plie le camp après une toilette lacunaire et néanmoins lacustre et continue mon périple autour du lac. Bien moins crevé que la veille au soir, je m'autorise une séance plouf plus café. Je complète mon petit dej' avec des baies rouges fort slurpante qui se trouvent en abondance ici. Le lac est enchâssé par les montagnes majestueuses de leur race, je prends le temps de m'aerer la tronche. Une fois reparti, je note que je galère avec mon gros sac. C'est très humide, donc passage boueux et pierres glissantes et, cerise sur le pompon, des passages où il faut descendre ou monter en s'aidant avec des chaines. Vu que la rando de l'aprem, l'ascension de l'Andstabben, s'annonce pas facile, je décide d'installer la tente au bord du lac, afin d'y laisser mon matos et grimper léger.

Bonne intuition, sinon je n'aurais pas pu dépasser le quart de la rando. A moins aujourd'hui, j'aurais inventé une nouvelle science, la psycho-randonnée, à savoir qu'en l'absence de balisage et refusant tout smartphone/gps, la randonnée ne repose que sur l'étude des cartes, l'observation du terrain, la déduction et une bonne dose d'intuition. J'ai même étudié les traces, mais j'ai pas encore goûter les excréments d'animaux pour me repérer. Et comme il s'agit d'une science balbutiante, elle n'est pas sans échec, et les trolls locaux ont du entendre quelques insultes marseillaises. J'ai nommé cette science en hommage à la psycho-histoire d'Asimov, non pas parce qu'il s'agit de randonnée de psychopathes. Quoique ....

Et encore, je ne me serais trompé que deux fois, ce qui n'est rien comparé à la difficulté de la randonnée. Car pour monter, en plus d'un dénivelé conséquent, de se payer des zones boueuses bien glissantes et des pierres au diapason, y a des passage où tu grimpes en escaladant. Tout ça en psycho-randonnant le sentier loin d'être toujours visible. A l'approche du sommet, je tomberais sur des espèces de mûres orange encore plus goûteuses que les baies rouges. C'est pas pour rien que je croiserais moins de 10 personnes, donc un couple de japonais qui a renoncé au 2/3. Tou.te.s plutôt jeune, et équipés léger, degun avec du matos de bivouac. Et dire que le parcours est de difficulté "moyenne" pour mon guide, je n'ose imaginer "difficile" .. M'enfin je croiserais quand même un lièvre, et qui comme vous l'avez suivi dans les épisodes précédent, sont les messagers du Petit Peuple et donc de bon présage. 

Par contre arrivé en haut, c'est la claque, vu à 360 avec l'enchainement des villages côtiers d'un côté, vu sur le lac et surtout c'est putain de montagnes grandioses (je crois pas avoir utilisé grandiose jusqu'à maintenant). J'y bloquerais un moment, rejoints par un couple de jeunes allemands. La descente se révéla tout aussi galère. J'y laisserais un bâton, mort en me sauvant la vie. Mais rentré vers 20h à mon campement, j'ai encore le ravissement de la vision du sommet. Ce qui ne m'empêchera pas de me faire un plouf pour me décrasser (je suis revenu bien crotté), détendre un peu les muscles, et enchainer avec une soupe au poireau. Le sommeil me gagne en écrivant ces mots, il est 23h, le soleil est passé derrière une des montagnes mais il fait encore jour.

Mardi 6 août

Je prends le rythme du voyage, me réveille avec le lac et un café. Une fois la tente pliée, je retourne à Â pour choper le bus après avoir squatté 10mn la connexion wifi du café qui n'a pas encore ouvert. Il n'est pas 9 heures et déjà le soleil tape dur. Direction Reine, un village à 15 bornes de là. J'aurais le temps d'y flâner, vu que le bateau que je comptais prendre est déjà parti et que le prochains n'est qu'à 15h. Le village est plus étendu que ceux déjà traversés, mais c'est loin d'être une mégalopole. Il y quelques maisons sur pilotis. La chaleur aidant, j'attendrais essentiellement en lisant, les aventures de Syffe étant prenantes, heureusement, j'en ai 1600 pages dans le sac.

Une fois embarqué, direction le village de Vinstad à l'embouchure d'un fjord. La traversée est courte, mais c'est bien bloquant de voir depuis la mer ces cathédrales de roche (justes pour éviter la redite de "montagnes majestueuses"). Depuis l'embarcadère, direction le fond du fjord en longeant la berge, puis après le passage d'une butte, c'est la grande plage de Bunes en contrebas. L'endroit est réputé mais me fais moins tripper que le fjord. Je remonte donc pour planter ma tente sur la butte qui le surplombe, au pied d'une montagne qui me fait de l'oeil pour demain. Mais d'ici là, c'est petite ballade tout autour et rebouquinage, pour une journée de relâche niveau grosse rando, mon corps me rappelant de toute façon celle de la veille. 

Mercredi 7 août

Gros vent ce matin, mais le soleil est toujours là. C'est la première fois que je vais mettre un vêtement par dessus mon tee-shirt. C'est reparti pour un grimpouillage. Façon, vu la topographie des Lotofen, dès que tu fais un pas, tu grimpes. J'ai repéré une rando dans mon guide, et sans cela, je n'aurais jamais trouvé le départ, aucun panneau, balisage et cela ressemble à un maigre sentier de chèvre parmi d'autres. Dès le début, la pente est raide, et pour tout tracé, ce sont quelques brins d'herbe couchés sur une largeur de 10cm. Faut avoir l'oeil. Ca s'arranger ensuite, mais il a l'air peu parcouru, la majorité des gens qui débarquent c'est pour voir la plage, éventuellement y passer la nuit et repartir. De ce côté du fjord, la montagne est verdoyante, en face c'est de la rocaille pelée. 

Je croise un papy du coin qui ramasse des baies puis je tombe sur un ruisseau bienvenu car même si les lacs sont nombreux, l'eau est moins en abondance qu'en Laponie. Je continue à monter, longe un cirque (de roche, pas de clowns), et attaque le coteau de la montagne, ouch, c'est étroit. Le sentier est visible, mais c'est un pied après l'autre et si on croise quelqu'un, ça doit se solder par un mort. Cette côte est encore plus raide que la première et aboutit sur un col de la largeur d'une crête. J'y vais mollo à cause du vent. Encore une dernière montée pour arriver au sommet et de là, vue magnifique sur des lacs d'un côté et de la baie du fjord de l'autre. J'y reste bien scotché, en profitant pour pique-niquer à base de dattes et brioche à la cannelle. Je prends mon temps pour redescendre vu l'étroitesse du chemin. En bas, je croiserais un couple en équipement bivouac qui compte prolonger en descendant dormir près d'un lac. Chapeau ! Je n'ai croisé degun d'autres du trajet.

De retour à la tente, je bouquine à l'abri d'un gros rocher pour éviter soleil et vent. Puis en fin d'aprèm, ballade sur l'immense plage en contrebas, entourée de murailles de granit. L'endroit possède plus de charme que je ne le pensais, et en plus une marche à dénivelé zéro, c'est pas demain la veille que je vais en retrouver ici ! Le temps de recharger toute mes bouteilles à un ruisseau, de bouquiner puis de faire chauffer la soupe, il est temps de regagner la tente, à l'abri du vent.

Jeudi 8 août

Le bateau qui fait le tour des petits bleds des fjords pend son temps, et ce rythme nonchalant me convient parfaitement. En montant à bord à 10 heures et quelques, je me suis rendu compte que les boites aux lettres des habitants de Vinstad se trouvaient au bout de l'embarcadère. A Reine, la venue de nuages noirs se confirment, ce qui risque d'être problématique, car qui dit pluie dit roches glissante et boue sur des randonnées déjà pas facile. Sur les quais, je gamberge à la suite du voyage.

Je décide de prendre le bus pour Fredvang, plus au nord-est pour m'en éloigner. Pensée magique quand tu nous tient ... C'est surtout que j'ai repéré quelques randonnées là-bas. Le trajet en bus reprend le rythme du bateau de ce matins, et les entrelacs qu'il dessine le long des fjords me bercent dans ce voyage. Entre ces montagnes monumentales et la mer qui s'avance tentaculaire dans les terres, il ne reste guère de place pour l'humain ici. Le bus me dépose sur la route principale des Lofoten, et il me faut franchir à pied deux grand ponts avant d'arriver à Fredvang. 

Je pousse encore jusqu'au bord de mer et une averse débute quand j'installe la tente. Heureusement, elle fut faible, l'intérieur de la tente sera sec ce soir. La journée est déjà bien entamée, je vais balader dans le coin, plage et dents rocheuses tout autour. Je rentre avec de nouvelles gouttes et suis à l'abri quand la grosse rincée arrive. Je peaufine mes cartes et rando en espérant que cela soit praticable demain. Pour la peine, je vais ressortir mes fameuses guêtres qui rendaient jaloux les suédois sur le Kungsleden.

Vendredi 9 août

Il a plu toute la nuit. Bonnes nouvelles, ma tente n'a pas pris l'eau et ce matin le soleil est de retour. Mais j'ai une petite appréhension sur l'état des sentiers détrempés, d'autant que quelques gouttes tombent près le début de la marche. Mais au final, les nuages se lèvent sur un sentier balisé ! Sous le choc, j'apprends que la plage de Kvalvika est la randonnée la plus populaire des Lofoten, ce qui explique cela. Il y même des planches aménagés sur les zones les plus boueuses. J'a mis mes guêtre super classe pour rien. 

Le sentier monte tranquille vers un col, c'est vrai qu'il y a plus de monde que sur mes randos précédentes. Un passage délicat dans la descente au travers d'un grand éboulis aux pierres humides et donc glissantes mais en adoptant la posture "lent mais prudent", ça passe. Arrivé finalement à la plage, je serais impressionné par les paroi rocheuse qui l'enchâssent. Le lieu dégage une ambiance. Une dizaine de tentes sont montées. Déjeuner face à la mer, je finis mes dernières dattes d'Oslo. La montée par l'autre versant s'annonce raide, un escalier de pierre est en construction mis pour aujourd'hui c'est encore un sentier détrempé et un pierrier à emprunter.

Une fois en haut, la vue sur la plage est bloquante, mais c'est pas fini, après un petit lac, il y a la possibilité de monter sur le mont Ryten. L'effort en vaut le coup, en haut d'autres panoramas se dévoilent dont un enchaine de lacs du plus bel effet. Il est temps de redescendre, ce qui prendra du temps, ce versant ayant été plus touché par la pluie. Mais longer de tous petits lacs avant de déboucher niveau mer, fait que la fin de la randonnée se montre agréable pour récupérer des efforts et de la beauté des paysages. Toujours bien fourbu, je profite de la douche de mon premier camping. Je finis le premier tome des aventures de Syffe, j'ai le 2e dans le sac pour la suite du séjour. 

Samedi 10 août

Il continue de pleuvoir la nuit, mais seulement un peu de bruine en journée. Mais de toute façon aujourd'hui, c'est direction le Vikingmuseet où se tient ce week-end le Viking festival. Par Odin, ça va saigner ! Vu que le week-end, il y a beaucoup moins de bus (la flemme de prendre celui de 7h20 vu que c'est loin de là où je dors, il reste celui de 12h30), je me dirige vers Ramberg, le bled à côté tôt pour avoir de la marge. 

Une grande plage de sable blanc s'étire à la sortie du village, mais degun se baigne. J'en profite pour choper la bouffe nordique habituelle depuis l'Islande et la Suède, à savoir du poisson séchés en sachet (au goût toujours, ahem, typique) et du kaviar en tube (toujours slurpant). Arrivé bien en avance à l'arrêt, une femme me dit qu'il est annoncé avec 30mn de retard, ça sera quasi une heure et en plus "full bus" au fronton, il ne s'arrête même pas ...

Tout dépité, je me ferais une balade côtière sous la bruine, jusqu'à trouver un coin sympa où bouquiner et machouiller mon poisson séché (en marronant). 

Dimanche 11 août

Éveillé à 5h30 pour prendre le premier bus en direction de Leknes puis du Vikingmuseet. Quand Pingouin vexé, lui toujours faire ainsi. Bordel. Du coup j'arrive à 8h30 et le musée ouvre à 10h. M'en tape, j'ai mon cycle de Syffe avec moi. Le musée propose peu d'objets archéologiques, mais sa pièce maitresse est la reconstitution en extérieur d'une maison longue de plus de 80m, entièrement aménagée. En y déambulant, on s'y croirait. Et comme il s'agit de reconstitution, on peut tout toucher, s'assoir au coin du feu, revêtir une (lourde) cotte de mailles, tester les divers casques et autres armes. Un bon complément au (génial) musée viking de Reykjavik.

 Et c'est pas fini, en descendant vers le lac, on tombe sur le festival, où en plus de divers stands artisanaux, on a droit à une démonstration de forge reconstituée, du théâtre comique (essentiellement gestuel, ouf), du tir à l'arc, de la bouffe, des démonstrations de combats et de murs de boucliers et la possibilité de faire un tour dans un bateau reconstitué selon des vestiges d'époque. J'ai trouvé ça bien plus réussi que les dernières médiévales que j'avais faites en France, où on retrouve les mêmes statuettes de dragons moches. Et à peine un peu de bruine pour ne pas gâcher le tout.

Pendant l'heure du bus retour, je me laisserais prendre dans les entrelacs que la route fait autour des fjords, bordés par des sommets enlacés par la brume. C'est serein et beau.

Lundi 12 août

Les températures ont bien baissées mais il ne pleut pas. Par contre de belles chapes de brume couvrent les sommets. J'adapte mon programme pour éviter le syndrome Craig Patrick (il y a quasi 30 ans, avec David, nous avions gravi péniblement le Craig Patrick, plus belle vue d'Irlande, pour ne rien y voir à plus de deux mètres à cause de la brume). Je pars donc explorer le sud de la péninsule où je me trouve, suivant la berge du fjord, qui offre de beaux paysages fantomatiques. 

Malgré tout, je n'apercevrai pas de cousin de Nessie même si le décors s'y prête. Tiens d'ailleurs, peu de troupeaux de moutons ou vaches, contrairement aux Shetland, les Lofoten sont plus tournées vers la pêche que l'élevage. preuve s'il en est, l'omniprésence des séchoirs à morues dans le paysage.

Je me mettrais à l'abri bouquinage une paire d'heure pour cause de belle averse, avant de repartir de l'autre côté, franchir les ponts de Fredvang et déambuler le long d'un autre fjord qui se pare d'autres lumières. Ce qui au final me fit rentrer au camping plus de 9 heures après mon départ, pas mal pour un temps maussade.

Mardi 13 août

Aujourd'hui direction Austvagoya, l'île la plus au nord. Bon, seulement si le bus arrive, hein ... Plus d'une demi-heure de retard, du coup je manque la correspondance à Leknes et doit attendre en pleine zone commerciale (d'où une razzia de Kaviar en tube ...). Cela m'a permis de bien avancer le deuxième tome des aventures de Syffe. L'après-midi es déjà bien entamé quand je plante ma tente près d'un immense lac des environs de Kabelvag. J'en profiterais pour faire le tour du lac et prendre parfois un peu de hauteur. Les paysages y sont plus alpins, plus boisés et moins déchiquetés. Vu que le soleil est revenu et tape fort, j'apprécie les passages en sous-bois. Et, mine de rien, vu la taille du lac et quelques chemins de traverse, je rentre à l'heure du dîner.

Mercredi 14 août

Il fait déjà chaud à 7h du mat'. Le temps de prendre le bus pour Svolvaer, capitale des Lofoten. Le port est plaisant, même si y a pas mal d'activités tournées vers le tourisme, notamment les sorties en mer. J'en profite pour choper de quoi pique-niquer les prochains jours, non pas du Kaviar en tube cette fois, mais du saucisson de renne.

Une fois paré, j'entame la rando prévu, qui débute à la sortie du bled. Et même si ça attaque sous le couvert d'une forêt de bouleaux, très vite la pente se fait raide et sous le cagnard. Une fois en haut du Tjeldbergtinden, on surplombe la baie de Svolvaer mais en se tournant, très belle vue sur les lacs, dont le grand dont j'avais fait le tour hier. Après un passage de crête, une petite grimpette sur le sommet suivant qui offre un meilleur regard sur les lacs.

La descente par l'autre versant est bien raide et je suis soulagé que la terre et les roches soient sèches, sinon j'aurais (encore plus) galéré. La pente aboutit près du lac et je bifurque vers Kabelvag, qui fut le premier port des Lofoten. Fourbu, je me cale à l'ombre pour bouquiner avant de rentrer en fin d'aprèm.

Jeudi 15 août

Il a plu toute la nuit et il bruine ce matin. Je prends le même bus matinal que la veille mais cette fois je descends à l'embarcadère de ferry pour aller à la petite île de Skrova. Une petite quarantaine de minutes de traversée, gratos pour les piétons. Sur le pont du bateau, je m'aperçois que le sommet où j'ai crapahuté hier est recouvert par la brume. Bon mojo de voyage. Ça se confirme quand on débarque, la bruine a cessé. Même si l'île est peu peuplée actuellement, elle fut un grand centre de pêche comme le montre une expo photos qui se tient dans un tunnel juste après l'embarcadère.

L'île offre peu de hauteurs, ce qui n'est pas plus mal vu que le sol détrempé est assez glissant ou boueux par endroit. Faire le tour de l'île principale permet de découvrir de belles couleurs, des îlots vagabonds aux eaux turquoises ou des montagnes à l'horizon, ceinturées de brume. Après un pique nique à proximité d'un phare, non loin du port et de ses maisons sur pilotis, c'est l'heure du retour. Une fois à quai, je ferais le trajet à pied, faisant une pause à Kabelvag comme la veille. La pluie reprendra sur le dernier tronçon, preuve que les Ases m'ont à la bonne (j'ai fini les deux tomes de mon roman, le 3e m'attend à Marseille, du coup j'ai chopé "la mythologie viking" par Neil Gaiman).

Vendredi 16 août

Il a plu toute la nuit, bis repetita, mais par contre pas de trêve ce matin. Je plie la tente sous l'averse et vais attendre le bus. Il s'agit de retraverser toutes les îles cette fois, ce qui devrait prendre trois heures. Pluie et brume renforce la nostalgie du retour, les fjords et montagnes qui défilent au delà de la vitre du bus, s'atténuant via ce filtre fantomatique. 

Je plante ma tente dégoulinante, toujours sous une bonne rincée, pas loin de l'embarcadère de Moskenes, le ferry partant tôt demain. Et décide quad même de tenter l'ascension du Reinebringen qui part de Reine, le joli port voisin où j'étais déjà passé. Et là, mojo du voyage, la pluie cesse juste avant que je commence à monter. C'est pas plus mal car le sommet est à 481 mètres, soit 1974 marches (ouaip pour les randos, les norvégiens soient ne font ni balisage, ni tracé, soit ils font des escaliers dans la montagne ....). 

C'est parti pour une grimpette de quasi une heure, avec quelques pauses reprises de souffle. Et même si je me ferais doubler par un mec qui monte en courant (pinponpinpon), la plupart des gens tirent la langue. C'est un parcours populaire, il y a du monde. Presque arrivé en haut, une averse démarre, et je m'interroge, la bienveillance des trolls m'abandonnerait elle ? Homme de peu de foi, cela ne dure pas et surtout m'offre un arc-en-ciel quand j'arrive en haut. Cerise sur le lutin, car la vue est déjà bloquante sans cela. 

Les dernières dizaines de mètres se font dans une boue glissante, ce qui me fera faire un beau lapsus en prévenant un couple (you mud be carefull). Perchés, on a une vue plongeante sur Reine, sur les montagnes et lacs, une bonne gifle. La descente, bien que longue, est plus tranquille. Sur la fin, je ne peux éviter un sourire narquois vis à vis des types qui entament la montée avec assurance; Ah, et oui, la pluie reprendra une fois en bas, quand je ne risque plus de galérer. Toujours sympa ces trolls !

Retour à Moskenes sous la pluie donc, qui adviendra par intermittence toute la soirée. Les Lofoten pleureraient elles mon départ ? Oh putain, c'est kitch la phrase précédente.

Samedi 17 août

Gros vent toute la nuit et pas mal d'averses. C'est la seule nuit où je garderais la polaire pour dormir. Pliage de la tente à 6h du mat' sous la pluie et grosse rincée sur le chemin de l'embarcadère où j'arrive trempé. Pour l'aller j'avais chopé le billet dans les 20 balles et là quand j'ai regardé hier pour réserver le retour, je me suis aperçu que la traversée est gratos pour les piétons et qu'en fait les 20 balles c'est pour être assuré d'embarquer s'il y a trop de monde. Traversée aouf cette fois. Les montagnes s'éloignent dans les nuages et la pluie. Contrairement à il y a deux semaines, je ne resterais pas sur le pont, la mer est bien démontée, sans parler de l'orage. Mais les nuages disparaissent à l'horizon et j'arrive à Bodo sous un quasi beau temps.

A la base, je comptais aller voir le maelstrom à 50 bornes de la ville, j'avais le temps, mon train pour Oslo ne partant qu'à 21h. Mais, vu que le phénomène se produit toutes les six heures et que nous sommes le week-end, je ne pourrais pas choper de bus pour y aller. Tant pis, je ne pourrais pas rendre hommage à un des mots les plus utilisé dans les chroniques de concerts bruitistes.

Je passerais les 9 heures à déambuler dans cette ville à laquelle je ne trouve guère de charme, bouquiner sur les quais et quand les giboulées arrivent, je me réfugie dans la superbe et lumineuse bibliothèque qui donne sur le port. J'y relirais "Dix petits nègres" en français vu que je ne me souvenais plus du coupable. Dernier refuge à la gare, où je téléchargerais le Canard enchainé, avant de prendre le train qui arrivera à Oslo, 19 heures plus tard.

Dimanche 18 août

Seul pour deux sièges, j'ai relativement bien dormi. Après un changement de train à Trondheim, le reste du trajet se fait entre contemplation du paysage, relecture de ces carnets et canardage du Canard et du numéro spécial ultra-riches que j'avais embarqué. On arrive à 15h à Oslo, le temps de déposer le sac à l'auberge de jeunesse et prendre une douche, je vais me dégourdir les jambes, ayant repéré un parc à l'ouest de la ville, c'est l'occase. Direction donc le parc Frogner, qui se situe au delà du parc royal que j'avais apprécié à mon arrivée. Frogner est plus classique, avec toutefois pas mal de sculptures en bronze de Vigeland, le plus célèbre sculpteurs norvégiens. Beaucoup de corps nus tout au long d'un pont et cela se termine sur un promontoire par une colonne de pierre composée de corps entremêlés. Pas trop ma came. 

Pour la soirée, j'avais repéré un concert estampillé post-punk dans un bar. L'entrée est à 200 couronnes, ce ui fait dans les 16 balles, ouch, et la pinte (de 0,4l !) à 9 balles. Heureusement que je rentre bientôt à Marseille pour ma culture musicale de smicard ! La salle est grande comme le Molotov, et y a au max une vingtaine de personnes. Le premier groupe, des norvégiens, délivrent une electro-pop qui me laisse indifférent et suivent des ricains au rock trop gentillet pour moi. Ao moins ça m'aura fait un sas électrifié avant le retour. D'autant que je me rentre à 23h,, chose rare aux Lofoten.

Lundi 19 août 

Bien dormi, la transition sac de couchage / train / lit s'est plutôt bien passée cette fois. Je laisse mon sac à dos à la consigne de l'auberge, avant de décoller vers les quais, tout en chopant une brioche à la cannelle sur le trajet. Cette fois je continue après l'opéra et tombe sur ce vieux phantasme marseillais, une piscine de mer aménagée sur les quais, avec plongeoir et surtout un autre bassin prévu pour les gens en fauteuil roulant, la grande classe. Il faut dire qu'il y a des accès et des échelles disséminées sur le bord de mer pour celles et ceux qui nager. Et même si c'est pas l'émeute, ça barbotte.

 En travaillant m carte et ma journée, je me suis rendu compte que pas mal de musées sont fermés le lundi, pas gop, pas glop. Je continue en périphérie de la ville vers un grand parc, l'Ekebergparken, qui renferment pas mal de sculptures. J'apprécierais bien plus que celui de la veille. D'abord parce que le parc est un peu plus sauvage, qu'il offre un beau point de vue sur la baie d'Oslo, qu'il y a quelques traces du paléolithique et que les oeuvres, entre art contemporain et plus classique (Rodin, Dali, St Phalle ...) me touchent plus. C'est dans ce parc que Munch aurait eut l'inspiration du Cri, du coup je prends une glace en hommage à "Dawn by law". 

Descente vers les quais, pique-nique au Kaviar, avant d'aller me cultivationer. Car même si le musée national et celui d'histoire sont fermés les lundi, même si le musée des bateaux vikings est en travaux jusqu'en 2027, j'ai repéré un musée viking digital, à voir si il est aussi passionnant que celui de Reykjavik. Et il est vraiment pas mal du tout, avec pas mal de reproduction 3D sur grand écran que l'ont peut manipuler (dont les bateaux du musée fermé), des panneaux et frises interactives, une navigation en bateau viking et une embuscade en réalité virtuelle, entre autres. Je continues ensuite sur les quais, chope "L'homme chauve-souris" de Jo Nesbo dans une grande librairie parce que le retour va être long jusqu'à Marseille et vis commencer le bouquin, accompagné d'une bière, dans un parc. Puis ça sera direction l'aéroport en soirée vu que mon avion est à 6h du mat'.

Plus de photos du voyage, par là.